Comment les apps de rencontre « première génération » affaiblissent les valeurs de respect, politesse et empathie.

C

Certains de mes potes mecs me disent souvent « Ah les filles sur les applis, de vraies connasses. De toute façon, elles sont sur-sollicitées donc impossible de décrocher un rencard. »

C’est marrant parce qu’en tant que femme, je pense que la réciproque est également vraie.

J’ai multiplié les rendez-vous sur les applis de rencontre dites « traditionnelles », les Tinder, Happn, Adopteunmec, et j’ai vraiment fini par me faire avoir à mon propre jeu. A force de jouer avec la célèbre app à la flammèche rouge, j’ai fini par me brûler les ailes.

Car les applis nous affectent dans nos comportements et amoindrissent notre rapport au respect, à la politesse ou à l’empathie.

En effet, il faut l’avouer, le online dating : c’est un peu la jungle. Il faut, soit appréhender les rendez-vous avec un détachement total, soit avoir un ego aussi solide qu’un roc.

En quelques mois, ce système de rencontre a réussi à me rendre complètement maboule, à exacerber ma méfiance puissance 1000 et à me faire douter de moi et de mes capacités à plaire.

Au départ, quand j’ai commencé à aller à des rencards, c’était plutôt drôle, comme un petit jeu. Une app, c’est comme un magasin de bonbons, c’est comme un bon site porno : il y a des profils à profusion, une multitude de possibilités, l’embarras du choix.

Au fil du temps, j’ai commencé à déchanter, outre les classiques « Il ne me plaît pas/je lui plais pas », qui sont juste les aléas de la séduction dans n’importe quel contexte, je suis tombée sur des sacrés urluberlus qui n’ont fait qu’exacerber le terrain d’insécurité affective sur lequel je glissais déjà lentement.

J’ai plusieurs exemples intéressants/drôles (ou pas…) à partager.


Octobre 2017, Canal de l’Ourcq. Le prestidigitateur

Le mec m’alpague sur Happn, je ne daigne lui accorder que peu d’intérêt. Il me supplie presque d’accepter un rencard, m’assurant qu’il veut vraiment me rencontrer, que je suis la seule qui a l’air intéressante, qu’il a 36 ans et qu’il n’est pas un gamin (hahaha quel gage de maturité) etc.

Donc, premier puis deuxième rendez-vous avec Olivier de trucmuche, fin de race, aristo.

Mec sympa, mignon, intéressant. Pas de coup de cœur mais à creuser. Fin du deuxième rendez-vous, on s’arrête sur le pont du Canal de l’Ourcq, côté Stalingrad. Il fait plutôt frais, mais le moment pourrait presque être romantique avec les lueurs de Pantin au loin et les frémissements de l’eau en contrebas, si je fais abstraction des cris des ivrognes autour de la Rotonde bien sûr. Il m’embrasse, une fois. Je suis plutôt surprise, ne m’attendant pas à ce baiser impromptu, mais bon. Why not. C’est agréable. Puis une deuxième fois, et on reste là un moment à discuter. Je rentre, il me souhaite bonne nuit. Et puis…

Et puis… Suspense. Plus jamais aucune nouvelles. Première expérience « What the fuck », et je ne savais pas à l’époque que je n’étais pas au bout de mes surprises.

Février 2018, Cambronne. L’amateur de voitures en leasing.

Je rencontre Antoine via Tinder. Je ne le trouve pas très beau mais intéressant et avec de bons sujets de discussion. Pas forcément super emballée mais animée par une envie de creuser, intriguée par son intelligence. On se revoit une fois, deux fois, trois fois, quatre. On s’embrasse, on se tient la main dans la rue, il vient chez moi, je vais chez lui, on va au ciné, au resto. Je ne sais pas vraiment ce que ça va donner, mais j’adore nos échanges sur divers sujets et je veux laisser un peu de temps pour essayer de voir si ça peut le faire ou pas. Après environ quatre semaines, au cours d’une conversation sur la nature de notre « relation », il m’apprend que, dans la mesure où nous n’avons rien verbalisé, il ne considère pas que notre relation est exclusive et que s’il a une occaz’ de baiser ailleurs, rien ne l’en empêchera. Qu’il a toujours fonctionné comme ça, il couche quelques temps avec des filles, plusieurs mois, sans exclusivité et puis ensuite naturellement, il se met en couple avec l’une d’elles.

Ah. Okay. Ce qui signifie que donc, que, désormais, si on veut une « vraie » relation de couple, il faut verbaliser. Alors que, pour moi, tacitement la relation est une relation exclusive. Si l’un ou l’autre veut une exception, c’est à lui de verbaliser.

Monsieur veut le beurre et l’argent du beurre. Du bon sexe, de l’affection, mais no strings attached. C’est trop facile de ne récolter que ce qui est plaisant et de se débarrasser des contraintes. En 2018, les relations sentimentales sont des relations de leasing. Vous baisez quelqu’un comme vous louez une voiture. Vous pouvez louer la Fiat 500 ou le Roadster Jaguar pendant plusieurs mois, puis garder uniquement celui qui vous convient, voire vous amuser avec les deux à la fois si vous en avez les moyens. Puis, à la fin du leasing, vous virez l’une, l’autre ou les deux. Société de consommation, tu m’as rendue folle.

C’est là que mon ego a commencé à se morceler, petit à petit, comme une patinoire qui commence à fondre au soleil. Sentiment d’être juste bonne à baiser. Je n’avais peut-être pas les épaules pour utiliser les applis sur le long terme, pour essuyer les échecs ou les coups, l’un après l’autre. J’ai toujours eu une sensibilité exacerbée. Et je me suis demandé, pourquoi aucune de mes qualités ne sautaient aux yeux de cet Antoine, excepté le fait d’avoir un vagin et d’être plutôt bien foutue ? Je ne suis pas une prostituée, merde. Si j’avais voulu du sexe avec un mec lambda, je l’aurais fait contre du fric.

Le pire, c’est que dans la vie, sans avoir une assurance démesurée, très honnêtement, je me trouve plutôt bien. J’ai un succès auprès de la gente masculine, certes relatif, mais je ne me plains pas. Je me trouve jolie et intéressante. Sans prétention. Plus perspicace que la moyenne des gens. Avec prétention.

Mais sur les apps, face à la multitude de choix, je suis juste reléguée au rang de numéro. Une parmi mille. Insipide.

Normal, face à trop de choix, les choses, les gens, perdent de leur valeur. Imaginez un repas devant vous, vous crevez la dalle et il y a du pain, des pâtes et une viande. Vous vous délectez de ces trois aliments très simples.

Maintenant, imaginez que vous creviez la dalle et cette fois-ci, il y a un banquet gargantuesque devant vous, la table est jonchée d’aliments, il y en a tant que vous ne savez plus quoi choisir : des pommes, des mangues, des légumes, toutes sortes de viande, toutes sortes de pain, des desserts alléchants, du moelleux au chocolat jusqu’à la tarte au citron meringuée. Forcément, vous allez vouloir tout goûter plutôt que de jeter votre dévolu sur l’un de ces aliments. C’est comme ça que les applis fonctionnent. Trop de choix tue le choix.

Avril 2018, Villejuif. Le prédateur

Je me trouve au café Mon coco, place de la République, pour boire un verre avec Jérémie. Dès nos premiers échanges sur l’application, je lui balance cash que je ne cherche pas que du cul donc s’il souhaite uniquement une relation charnelle, il vaut mieux que l’on stoppe nos échanges. Pas envie de perdre mon temps inutilement avec un énième baiseur compulsif. Il m’assure qu’il a envie d’une belle rencontre si le feeling passe. Il me semble que nous sommes sur la même longueur d’ondes.

Le premier rendez-vous se passe bien.

Deuxième rendez-vous. Au moment de se dire au revoir –nous nous quittons dans une bouche de métro- Jérémie m’embrasse, et instantanément, ses mains descendent le long de mon dos pour empoigner mes fesses. Le fait de m’embrasser lui donne donc le droit de poser ses mains sur mon corps ? Le geste de sa langue forçant mes lèvres est-il comme la clef d’une serrure magique, celle qui lui permettrait de profaner mon intimité en toute légitimité, impunément?

Je suis refroidie, il s’excuse. Il me propose ensuite de venir déjeuner chez lui, un dimanche midi. J’appréhende un peu, mais, je décide d’accorder ma confiance et j’y vais.

J’arrive, il me regarde avec ce regard bleu perçant, presque lascif.

Il se jette sur moi au bout de dix minutes et essaie de me désaper. Je le repousse en lui disant que je ne veux pas coucher avec lui. Il insiste, il me jette sur le canapé, il me maintient de force sur le dos, il passe sa main sur mon corps, sur mon pubis. Je sens même son érection contre moi. Le jeu et la taquinerie sont le moyen d’arriver à son dessein, mais moi je ne rigole pas quand je lui dis « non ». Je le repousse. Il insiste. Je le repousse encore. Il contre-attaque.

Il a vraisemblablement cru que le baiser échangé sur le quai du métro était son passeport pour pouvoir fourrer ses mains un peu partout sur moi. Ce geste, qui est censé être tendre et qui signifie quelque chose pour moi était prémédité et opiniâtre pour lui, mais je l’ai réalisé trop tard. Aujourd’hui, on embrasse tout le monde, et ça ne signifie rien. On roule des galoches au beau gosse pêché en boîte de nuit, désinhibée par trois ou quatre cocktails. On embrasse au premier date, alors qu’on se connaît depuis 45 minutes. Personnellement, je n’ai jamais eu envie de fourrer ma langue dans la bouche d’un inconnu. Ce doit être mon côté hypocondriaque. Pas plus que de laisser un mec rencontré deux heures auparavant glisser son pénis au fond de moi. J’ai besoin de connaître l’autre pour avoir envie d’intimité avec lui. Mais c’est ma façon de fonctionner. Là, c’est mon côté Le petit prince. Pour moi, toutes les roses sont semblables : autrement dit, tous les mecs se ressemblent. Toutes les roses sont semblables avant que mon choix ne se porte sur une seule, que j’aurais envie d’arroser, de contempler, de faire grandir, d’admirer. Au fil du temps.

Avachie sur le canapé de Jérémie, je me suis donc demandé jusqu’où il était capable d’aller. Je me suis surprise à jeter un oeil aux issues possibles et à estimer jusqu’où mon cri pourrait porter si besoin. Je l’ai repoussé définitivement, sentant la situation déraper dangereusement et je suis rentrée chez moi, bouleversée. Je me sentais sale, avilie. Le lendemain, j’avais un bleu sur le pubis et un sur l’intérieur du poignet, comme les stigmates éphémères de cet affreux rendez-vous.

Mai 2018, Oberkampf. Le fantôme

À cette période de ma vie, j’ai quasiment arrêté les applis, en réalisant la perte de temps significative que je pouvais déplorer si je faisais le bilan des rencontres heureuses/rencontres foireuses.
J’ai aussi réalisé que je répétais les mêmes histoires frustrantes parce que je m’orientais toujours vers le même genre de mec. Mâle alpha, séducteur assuré, vous savez, le Parisien un peu bobo, un peu swag, un peu hipster, de base, bien sapé, bien-pensant, celui qui taffe dans le digital, ou en freelance, ou a monté sa Start-up, lit GQ et Beigbeder, adore voyager, a truffé sa galerie Insta de photos lissées, retouchées, colorées de paysages lointains avec ses potos aventuriers, armada de combos casquettes à l’envers/sac à dos de randos, celui qui brunche tous les dimanches, bien entendu et sent le parfum Yves Saint Laurent. Ce mec que nous les filles, on aime TOUTES !
J’avais envie de m’éloigner de ce cliché, à tort ou à raison.
Et puis j’ai commencé à discuter avec Paul sur Happn. Paul n’avait pas les plus belles photos, ni la plus belle gueule, ni la plus belle description, ni de compte Insta d’ailleurs.
Mais il avait vraiment de la discussion et très vite, on a commencé à s’échanger des pavés enthousiastes sur l’appli.
Au bout de quelques jours de discussion intense, on décide de se rencontrer. J’arrive au rendez-vous, il pleut des cordes, je le retrouve et tout se passe plutôt bien. Pas d’étincelles de mon côté, mais il a l’air d’être un garçon intelligent. Posé, sympa, profond. Mal habillé, pas du tout m’as-tu-vu. Pas une once de superficialité. Il me raconte qu’il cherche du taff, qu’il n’a pas eu de relation depuis quelques mois. L’archétype du gentil garçon, honnête, droit, un peu timide. C’est un peu naze de dire ça, mais assumons, je me trouve bien mieux que lui sur le plan physique. Toutefois, je n’ai pas envie de la combinaison jolie gueule/swaggy style/mais cerveau creux.
Après deux pintes, il se fait tard et chacun part de son côté après les politesses classiques. Puis il me rattrape et me lance:
-Hanna, ça te dirait qu’on se revoit? Ce week-end par exemple?
-Oui! Avec plaisir. J’ai pas ton numéro de téléphone par contre, tu me l’envoies sur l’app?
-Yes! Carrément on fait comme ça!
Il me fait un grand sourire, un signe de la main, puis grimpe dans le bus.
Je m’éloigne vers le métro, arrivée chez moi, je dégaine le smartphone, j’ouvre l’appli, plutôt enjouée et là…
Je constate que son nom n’apparaît plus dans la liste de mes contacts. Je vérifie une fois, deux fois, trois fois. Je ne comprends pas. Je me dis qu’il s’agit d’un bug. J’attends un peu. Dans ma candeur navrante, j’envoie même un message au service Q/R de l’application qui m’explique que si je ne le retrouve plus, c’est que cet autre utilisateur… m’a bloquée.
Outch.
Je vous épargne la série de questions qui me passent par la tête: mais pourquoi? Et pourquoi me rattraper dans la rue et proposer que l’on se revoie? Pour tester sa capacité de séduction? 
Je ne comprends pas. Je n’ai toujours pas compris à vrai dire.
Ce qui m’a le plus heurtée, plus qu’avec les autres, c’est qu’on avait justement discuté lors de nos conversations enflammées de la façon dont les gens se traitent dans la société de consommation, il fustigeait aussi l’irrespect, l’absence d’empathie à l’égard des autres. Rien n’est plus décevant que d’avoir été baratinée sur des valeurs que l’on chérit et sur lesquelles on pensait être aligné avec l’autre. Je n’ai plus jamais re-croisé Paul, ni eu de ses nouvelles.

Paul, si tu me lis, je veux bien une explication.


Et moi dans tout ça ? Suis-je une blanche colombe ? Oh que non…

Tout Paris, année 2018. Hanna, la garagiste en herbe

Et puis, j’ai commencé aussi à agir comme ça. Parce que les apps créent dans votre tête une petite boîte qui ne doit jamais être vide. C’est pour moi, un symptôme psychique de l’addiction aux apps, ce pic de dopamine que vous ressentez chaque fois qu’un nouveau message apparaît ou qu’un nouveau match se produit, et qui vous laisse vide et avide dès lors que vous supprimez l’appli. N’avez-vous jamais entendu un de vos potes dire : okay je vais stopper les applis, j’en ai marre et puis vous annoncer, penaud : « ouais en fait, j’y retourne de temps en temps », peu après ? J’ai donc commencé moi aussi à traiter les autres comme ils me traitaient. Avoir un plan A, B, C, D. Des roues de secours à la pelle. Un vrai numéro d’équilibriste entre :

-Répondre d’abord à Machin puis s’il ne répond pas, écrire à Truc comme bouche-trou

-Mais comme je préfère Machin, proposer d’abord un rencard à Machin et puis ne plus répondre à Truc, parce que bon, en fait, on s’en fout, c’est qu’un profil parmi tant d’autres

-Et si Machin me pose un lapin, revenir comme une fleur vers Truc et prétexter que j’étais overbookée, ou en vacances dans une yourte en Mongolie, ou kidnappée par un clown sanguinolent et diabolique ou que mon portable a été réquisitionné par des extra-terrestres pour une expérience spatio-temporelle

-Avoir un plan de secours, et le plan de secours du plan de secours et ainsi de suite, ce qui s’appelle, se servir des gens et les manipuler. Du bon vieux foutage de gueule, en somme. Entamer une discussion, puis arrêter de répondre, et annuler un rencard au dernier moment parce qu’un autre candidat plus intéressant a pointé le bout de son nez

-Rencarder deux/trois mecs en même temps pour choisir le plus intéressant à la fin. Un peu comme un process de recrutement (ah, la déformation professionnelle !), dans lequel on short-liste les candidats au fil des entretiens

Je suis moi aussi devenue une garagiste en herbe, parmi tous ceux qui écument les apps, qui utilisent les autres comme roue de secours.


Le bilan et les réflexions qui s’en dégagent

Je me fous de Paul. D’Antoine. De Jérémie, d’Olivier. Je n’étais amoureuse d’aucun d’eux, ils ne m’ont pas brisé le cœur. Chacune de ces rencontres a juste ébranlé un peu mes convictions et érodé ma capacité à faire confiance à un autre dans une relation sentimentale. A un moment, j’ai réalisé que je n’avais plus envie d’être un numéro –j’ai commencé à perdre salement confiance en moi- et surtout, que je n’avais plus envie de traiter les autres comme je ne voulais pas être traitée. Je valais mieux que ça.

Et ça m’a fait m’interroger sur la raison qui nous pousse à être aussi irrespectueux les uns envers les autres?
Pourquoi se traite-t-on comme ça via les applis? Comment a-t-on pu passer du baise-main au XVIIe siècle au baise-moi en 2018? 

Plusieurs pistes à envisager:
-on est face à un écran qui déshumanise totalement l’autre: face à un profil virtuel, on ne peut manifester de l’empathie
-comme pour le ghosting, on n’est pas relié à l’autre par des amis communs/un travail commun/un club de sport donc on sait qu’on ne le (re)croisera jamais, donc pourquoi se faire chier à être poli et à effectuer les choses dans les règles de l’art ? La vie est déjà si compliquée et fatigante.

D’ailleurs, en sondant quelques amis, certains m’ont confirmée qu’ils accordaient moins de valeur à une rencontre faite via une application plutôt que dans la vraie vie. Ce qui est plutôt significatif de la théorie précitée. 
-on se dit que tout le monde le fait donc pourquoi pas nous? Osef.

-nous sommes conditionnés à consommer dans notre société occidentale or, les apps de rencontre sont par excellence le parangon du marché en ligne. Un marché d’humains, dans lequel il suffit de mettre dans le panier, puis de reposer en rayon sans devoir se justifier (cf : Adopteunmec.com). Voire, de piocher (matcher/dater), de consommer (baiser) et ensuite de jeter pour un autre produit, que l’on espère meilleur (mieux foutu(e), meilleur coup, encore plus bonnasse/gossbeau).

-dans le même ordre d’idées, la prostitution étant interdite en France, les apps sont devenues la version virtuelle des bordels d’antan. Les mecs payent le premier verre et les femmes couchent.

-on a trop de choix. Quand 34 matchs se produisent d’un coup, on a plus le temps de répondre à tout le monde, il faut filtrer hélas.

Il y a bien sûr du bon dans les applis. Beaucoup de personnes ont rencontré leur mec/nana actuel(le) (moi y compris hihi-). Je déplore juste qu’on en soit venu à ne plus accorder d’importance au respect de l’autre dès lors qu’il s’agit d’une relation avec écran interposé. Je regrette que ça ait exacerbé la notion de consommation, presque agressive, ou que ça nous ait rendus déloyaux. On manque déjà tellement d’empathie parfois, au quotidien.

Alors, à quand une appli polie ? Avec des utilisateurs respectueux ?

16 commentaires

  • Peut-être que les mecs (ce genre là en tt cas) se vengent des femmes en se comportant ainsi, comme lorsqu’ils regardent un gonzo ultra dégradant où l’actrice est complètement déshumanisée…
    Pourquoi, je ne sais pas. Sont-ils frustrés de voir les femmes de plus en plus fortes et ce même en l’absence d’un homme ? Frustrés de voir les femmes ne plus accepter calmement les phrases assassines qui leurs sont assénées à longueur de journée ? J’en sais rien.
    Je vomis aussi cette société moderne industrielle qui rend fou ceux qui y vivent, je n’essaie même plus d’y adhérer. Comme pour l’argent qui n’a de valeur que parce que tout le monde s’entend à lui en donner, nos sociétés ne tiennent que sur l’hypocrisie et le mensonge qui leur sert de fondations, communément admis et accepté par les personnes qui les peuple, à des degrés divers.
    Avant, je regardais les gens dépressifs comme des pestiférés, à présent, je me méfie de ceux qui s’épanouissent dans la folie actuelle, la dénégation et ceux courant après la célébrité.
    Naturellement, l’angoisse de tes textes me parle, et je suis, en fait, bien content d’être tombé sur ton blog perso. J’attends la suite avec impatience, une suite heureuse, qui sait ?

    • Je n’ai pas vraiment de réponse à adopter… Je pense plutôt que nous sommes dans une société du désengagement, où la loyauté s’est affaiblie et où c’est « normal » ou pas choquant d’adopter ce genre de comportements. Après, pour nuancer, je suis aussi tombée sur des mecs très bien sur les apps…

  • Une appli polie dans une telle société ne peux pas marcher du tout.

    Expérience vécue hier soir en donnant rendez vous à une femme au café delaville: j’ai attendu quelques minutes et ne voyant personne ressembler à la femme qui s’était engagé de venir, je suis partit du café . J’ai ensuite parlé à plusieurs personnes de cette mésaventure et je me suis rendu compte que cette femme ne valait pas la peine.

    Et que y’avait beaucoup d’autres femmes dans le réel plus symapthiques.

    • Salut Etienne,
      Je suis désolée pour toi ! As-tu eu des nouvelles depuis ? J’imagine que tu as essayé de lui réécrire et qu’elle n’a pas répondu?
      Et oui, malheureusement, je pense que les gens se cachent derrière leur écran et n’ont plus beaucoup d’empathie car « tu es juste un profil parmi d’autres ». Elle aurait simplement pu te prévenir que finalement elle ne viendrait pas. Ne te décourage pas, tu es mal tombé, mais on peut aussi rencontrer des gens biens, que ce soit sur les apps ou dans la réalité. sur les apps, il faut juste essayer d’être plus méfiant / plus détaché pour ne pas trop souffrir si jamais l’autre n’est pas respectueux.

    • Haha merci je connaissais pas et je la trouve très chouette ! J’aime beaucoup sa façon de décrire les choses. Je suis assez d’accord avec lui sur pas mal de points, cependant, je pense vraiment que le futur des rencontres, c’est internet… Mon idéal serait de réussir à créer un site où les gens sont plutôt polis, respectueux et honnêtes.
      Au fait, tu as déjà essayé les applis? Qu’en penses-tu ? J’imagine que tu n’aimes pas, mais quels sont tes arguments ?

      • Mince, j’avais pas vu ton message, déso ! Dommage que les lecteurs ne soient pas avertis par e-mail. C’est un peu « awkward » que ça arrive après que Nina ait parlé du ghosting. :/

        Oui, j’ai essayé les applis mais seulement avec des faux profils pour voir si les légendes sont vraies, et elles le sont (ne me regarde pas avec tes grands yeux, je n’ai jamais donné de faux espoir à de pauvres âmes certainement déjà abîmées, mais il est hors de question que mon visage et mes infos perso apparaissent sur le net). Ça ne sert guère qu’aux Chad et autres Stacy pour se retrouver à des fins biologiques. Le reste, le commun des mortels, y perd son temps dans une quête sans fin où s’érode leur confiance en eux, non seulement ça mais leurs données personnelles sont vendues au plus offrant. Tinder a même avoué qu’il faisait le gros de son chiffre d’affaire de cette manière… Honnêtement, je leur tire mon chapeau pour tant de bassesse (faire payer pour un service ET faire du profit en vendant les données de ses users…ils sont gagnants sur tous les tableaux, et ils n’ont aucune responsabilité si le date tourne mal, que demande le peuple ?), mais c’est le monde des affaires et ils sont entre adultes consentants, donc qui suis-je pour juger ?

        Ensuite, je ne pense pas qu’il soit possible de créer une app ou un site de rencontre qui pousserait les gens à être véritablement honnêtes entre eux. D’une part, je ne pense pas que les gens soient très honnêtes sur ces plateformes ni aient forcément envie de l’être. Ensuite, Tinder existe et est très populaire. Des alternatives existes mais elles sont assez peu peuplées, elles sont arrivées trop tard. Si par courtoisie tu parles du phénomène du ghosting, je te dirais que ça fait parti du jeu. On accepte les règles ou on ne joue pas. C’est mesquin, c’est sûr, mais la facilité est dans l’air du temps.. Puis je pense que tu n’es pas naïve au point d’ignorer que c’est le mensonge qui dirige le monde.

        Pour finir, je dirais que les rencontres physiques et aléatoires ont un mystère que les apps de rencontres ne peuvent simuler. C’est grisant de faire une (excellente ^^) rencontre quand on a pas prévu d’en faire une. Est-ce aussi grisant de donner rdv à cette énième Mr ou Mademoiselle X trouvé sur une app, je ne sais pas, mais j’en doute fort. Et c’est quelqu’un qui déteste les relations sociales qui te dit ça.

        À la prochaine, Hanna.

      • Bonjour,

        J’ai lu ton article et effectivement, il est plus que parlant. C’est intéressant d’avoir la perspective d’une femme sur les mecs, même si en combinant mon vécu, celui de mes amis de sexe masculin et de mes amies de sexe féminin, en termes de fréquence, c’est quand même souvent plutôt l’inverse. Quand des types comme moi galèrent ne serait-ce qu’à avoir des matchs ou réponses à nos messages (si on ne ne fait pas unmatch comme des sous-hommes avant, puisque ce genre de pratique est finalement une négation de notre existence), mes copines ne savent souvent pas comment répondre aux centaines de messages qui leur sont adressés. Alors y’a des lourdingues hein, mais quitte à choisir, je préfèrerais expérimenter la seconde situation. Je rebondis sur ta réponse ici car je me demandais : si internet est le futur dans presque tout, qu’est-ce qui te fait penser que le dating sera exclusivement sur internet ? C’est assez angoissant de lire ça, parce que si les choses devaient s’avérer être la norme il n’y a plus qu’à se passer la corde au cou pour de nombreux mecs (et meufs ?)

  • Article criant de vérité et dans lequel je me retrouve beaucoup.

    Pourant, j’ai l’impression que cette vision cynique de la rencontre se retrouve beaucoup plus à Paris ou dans les grandes agglomérations. Surement la conséquence d’un mode de vie ultra urbain, et quelque peu déshumanisé.

    Personnellement j’ai perdu foi en ces applications après être passée par les mêmes étapes que toi. Je ne sais plus ce qui est bon aujourd’hui. Faut il persévérer avec les rencontres en ligne et privilégier les profils à la Paul, ou bien tout stopper et favoriser la rencontre en live?

    Quid de Once, appli qui se dit slow dating?

    Ne perdons pas espoir, la roue finira bien par tourner!

    • Bonjour Lise,
      Merci pour ton commentaire !
      Effectivement, je suis assez d’accord avec toi, les « mauvais » comportements à travers les apps sont beaucoup plus visibles à Paris et dans les capitales. J’ai des copines qui vivent dans des petits villes de province et qui ont trouvé quelqu’un rapidement sur les apps. Pourquoi ? Car, il y a moins de choix donc les individus sont moins « jetables ». Pour te raconter mon expérience, qui fait écho à la tienne, j’ai moi aussi perdu foi en les sites de rencontre en 2018, j’étais totalement désabusée et ça avait carrément sapé ma confiance en moi. Puis, j’ai fait une pause de quelques mois et ça m’a fait du bien. Un jour, j’ai testé une nouvelle appli, mais en étant totalement détachée, en accordant beaucoup moins d’importance aux rencontres que je faisais… Et c’est là que j’ai rencontré mon copain actuel. Ca fait un an et demi. Je pense en fait que, pour faire des rencontres fructueuses, il faut réussir à prendre du recul 🙂 Ne désespère pas.

  • Hello, je découvre ton article au hasard de mes recherches et questionnements. Je l’ai apprécie, et c’est un doux euphémisme que de dire qu’il me rappelle une multitude de souvenirs. J’ai enlevé toutes les applications de rencontres depuis plus de 6 mois pour ma part. Une multitude d’échanges depuis mon inscription en février 2019, pas mal de conversations creuses, d’hommes dans une logique légèrement consumériste mais sympa, des moins respectueux aussitôt bloqués, j’ai pensé avoir sélectionné dans la masse au fil de mes conversations numériques. Jusqu’à la rencontre franchement pas heureuse. Août 2019, moi qui n’investissait rien de concret pour ne pas avoir d’espoirs déçus, je tombe sur un psychiatre étranger, de 11 ans mon aîné. La suite de l’histoire serait trop longue à développer, je dirais simplement que dans la multitude des profils proposés, entre les collectionneurs compulsifs, les timides qui n’assument pas, les marié(e)s et les personnes biens, on peut aussi se retrouver face à des prédateurs qui font du net leur terrain de chasse favori, la récolte étant maximisée et les efforts optimisés. A l’approche de mes 30 ans, dans une jolie ville de province et pleine de projets, j’ai développé une certitude, les rencontres importantes pour moi ne passeront pas par les applis. J’ai développé deux très belles amitiés avec des hommes grâce aux réseaux, et j’ai échangé avec des hommes biens aussi par ce biais, mais la déconnexion avec des valeurs aussi simples que l’empathie me bloque pour envisager quelque chose de concret par ce biais. Je ne me reconnais pas dans ces valeurs. Je suis heureuse de constater que mon cas n’est qu’une expérience malheureuse parmi d’autres et que des couples se forment par ce biais. Ton expérience est enrichissante et je te souhaite encore beaucoup de bonheur avec ton copain. Je suis très mitigée sur le développement d’applications basées sur la bienveillance, tant notre société réelle en manque déjà cruellement. Je souhaite me tromper. Belle après-midi à toi.

  • Tout d’abord, merci Hannah d’avoir partagé ce témoignage véridique, car nombreuses sont celles qui se retrouvent dans ce que tu racontes dans cet articles, y compris moi.

    Ce sont des choses que l’on découvre avec l’experience, et en prenant du recule on apprend à faire le bon choix.

  • Salut Hanna,
    Ton récit me touche énormément, ainsi que les épisodes de ton livre. Je m’y retrouve totalement c’est déconcertant.
    Je suis déçue et souffre des rencontres que je fais sur ces applis alors que je suis plutôt mignonne, sympa, et « bien golée ». Je me remets constamment en question et me demande ce qui n’est pas assez bien chez moi pour ne pas susciter d’avantage qu’une attirance charnelle. Lorsque je souhaite que ce soit plus constructif on me reproche d’être trop engageante, alors que je veux simplement apprendre à connaître d’avantage la personne. Je ne sais plus comment m’y prendre, j’en viens à perdre espoir de trouver l’amour…
    Je ne comprends pas non plus l’etat d’esprit des gens qui consiste à « profiter » (baiser n’importe qui comme tu le dit) pour oublier ou passer le temps. Je me sens en décalage…
    Ceci dit j’aime ton cynisme et ta vision des choses, ça fait du bien de ne pas se sentir seule dans ce monde étrange ou l’on est plus vraiment considérés.
    Merci Hanna.

  • Salut Hanna, ton récit me touche énormément, ainsi que les épisodes de ton livre. Je m’y retrouve totalement c’est déconcertant.
    Je suis terriblement déçue et souffre des rencontres que je fais sur ces applis. Sans doute trop sensible face au constat de n’être qu’un numéro ou seulement une fille sympa et mignonne avec qui on fait ses affaires sans envisager plus. Ce qui m’amene à me remettre constamment en question pour trouver la réponse à cette question : qu’est ce qui n’est pas assez bien chez moi pour ne pas susciter d’avantage qu’une attirance charnelle?
    Lorsque je souhaite que ce soit plus constructif on me reproche d’être trop engageante, alors que je veux simplement apprendre à connaître d’avantage la personne. C’est déstabilisant, je ne sais plus comment m’y prendre. J’en viens à perdre l’espoir de trouver quelqu’un avec qui l’étincelle mutuelle brillera… L’amour est un fantasme oui, il me paraît impossible. Je ne comprends pas non plus l’etat d’esprit des gens qui consiste à « profiter » (baiser n’importe qui comme tu le dit) pour oublier ou passer le temps. Je me sens en décalage…
    Ceci dit j’aime ton cynisme, ta façon de l’exprimer si durement et ta vision des choses. Ça fait du bien de ne pas se sentir seule dans ce monde étrange ou l’on est plus vraiment considérés que comme des objets sexuels interchangeables.
    Merci Hanna.

Hanna Anthony

Alors que j'ai été une adolescente solitaire, la pratique de l'écriture m'a sauvée.

À 12 ans, j'ai rédigé ma première nouvelle sur l'ordinateur familial. Par la suite, je publiais régulièrement mes textes sur un blog. J'ai ensuite tardé à me lancer dans le roman, persuadée que je n'étais pas légitime à construire une structure narrative et des personnages forts.

En 2019, l'école d'écriture Les mots a lancé un concours auquel j'ai participé avec un texte très moderne sur les amours contemporaines. Les liaisons factices a figuré parmi les lauréats du concours. Un an plus tard, il a été publié dans une petite maison d'édition et vendu à 800 exemplaires.

J'ai également vendu mon propre recueil de textes en auto-édition, en moins de deux mois, plus de 500 exemplaires ont été écoulés.

Particulièrement intéressée par le genre du roman contemporain, j'ai fait évoluer mon écriture dans le cadre d'ateliers, notamment avec Chloé Delaume et Lolita Pille. J'ai affiné mon style, que je considère aujourd'hui comme inspiré de Delphine de Vigan et de Karine Tuil.

Je possède aussi un compte Instagram de mots, @relation_textuelle, suivi par plus de 40 000 personnes.

On discute ? 💌
anthonyhanna760@gmail.com