#21. Belleville.

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Bon alors, raconte moi. Qu’est ce qui te fait flipper avec lui ? me demande Iris, tout en retirant ses baskets VEJA.

-C’était tellement génial ! Mais je me méfie de plus en plus des mecs des applis… 

-Des mecs en général tu veux dire, me coupe t-elle. 

-Non mais je me dis, il y a quand même cette autre fille Alexandra.. il aurait juste pu ne pas en parler. 

-Nina, il a préféré être honnête, transparent… c’est son choix. C’est grave chiant, c’est sur mais à toi de voir si tu creuses avec lui ou pas. C’est un risque mais peut être que tu lui feras oublier l’autre. 

-Ouais pas faux ! 

Mon téléphone vibre soudain. Quand on parle du loup… 

-Il vient de m’écrire, dis-je à Iris, en brandissant fièrement mon téléphone, un sourire démesuré sur le visage. 

-Tu vois ! Il dit quoi ? 

Je regarde le message attentivement, intérieurement je jubile. 

-Il demande ce que je fais de beau et me complimente sur mon dernier article posté sur Medium. 

-Trop cool ! 

-Oui, c’est génial. Mais je sais pas… Je préfère rester sur mes gardes. Il a quand même l’air assez séducteur. C’est un beau mec et il le sait. 

-Séducteur ? Pourquoi tu dis ça ? 

-C’est le genre de mec avec un joli compte Insta, plein de followers, qui poste des selfies. Il sait qu’il est beau. Puis, il fait de la radio, un métier public, il doit croiser beaucoup de gens…

-Tu cherches pas des complications pour rien là ? Laisse-toi aller et tu verras bien… Séducteur, t’en sais rien tu le connais pas ! Toi par exemple, t’as l’air d’une femme fatale…alors qu’en fait, t’es une fille bien… 

Je ris, décide de lui accorder mon crédit, elle a peut-être raison et nous nous allongeons dans l’herbe du bois de Vincennes, savourant le soleil et la douce paix de ce jour férié de mai. Je décide de ne pas répondre tout de suite à Jérémie, ça fera la fille “à donf” comme on dit, trop accrochée et j’en serais discréditée. 

Les rayons qui viennent chauffer mon visage, le bruissement des feuilles d’arbres au-dessus de ma tête m’entraînent lentement dans une somnolence des plus exquises. Qu’il est bon de se prélasser dans la nature…

Je suis finalement réveillée par mon portable qui vibre contre ma joue, j’émerge difficilement et je déverrouille l’écran pour y voir s’afficher une notification Instagram de… Jérémie ! Dis donc, je m’auto-congratule pour ce regain de succès. Son commentaire à ma story, une photo de la verdure environnante agrémentée d’un smiley soleil, me fait sourire, une nouvelle fois. 

-La sieste fut bonne ? me lance Iris, en croquant dans une pomme juteuse. 

-Ouais, ça fait trop du bien… quel kiffe ! 

L’après-midi se termine dans la quiétude et lorsque je rentre chez moi, j’ai déjà échangé 16 sms avec Jérémie. Il me semble que ça s’annonce plutôt bien et nous planifions de nous revoir le dimanche, pour une balade dans Belleville. Toute la semaine, je trépigne d’impatience à l’idée de le revoir. 

Le dimanche arrive enfin, et je tergiverse pendant deux heures sur ma tenue : jean skinny + Reeboks + petit imper’ et top jaune ou jean skinny + Reeboks + petit imper’ et top mauve ?

J’opte finalement pour la seconde option, j’enfile les vêtements en admirant ma silhouette dans le miroir, puis j’attrape ma trousse à maquillage et je manipule mécaniquement les divers pinceaux qui me feront une mine rayonnante. Je me cantonne cependant au strict minimum, mascara, eyeliner et une pointe d’anticernes, ayant toujours mis un point d’honneur à étaler le moins de cochonneries possibles sur ma peau. Je sors de chez moi, impatiente, et me dirige vers la station Cambronne, en réfrénant un peu mon allure. Je n’ai aucune intention de mourir de chaud dans la rame pour arriver tout suintante.

Emergeant du métro à la Station Belleville, je traverse la rue à l’arrache et un véhicule me bombarde de coups de klaxon, rageusement. Je réplique dans ma tête en l’invectivant copieusement, puis je me détends et métamorphose ma moue boudeuse en moue radieuse pour retrouver Jérémie, qui m’attend en lisant un journal « L’équipe », accoudé sur une balustrade en fer forgée.

4 commentaires

    • Jimmy, merci pour ta fidélité, ça me fait TROP plaisir ! Tous les vendredis, effectivement ! Par contre, tu as raison, je n’ai pas eu le temps d’envoyer la notification aujourd’hui et je me suis dit que je le ferais rapidement. Tu as dû recevoir quelque chose dans ta boîte mail, ça y est 😉

  • Je trouve que tu racontes très bien l’histoire . Bon je tois te le dire aussi, je fais aussi de l’écriture mais je ne peux pas t’en dire plus mis à part te renvoyer à pride and prejudice.

    Bonne soirée.

Hanna Anthony

Alors que j'ai été une adolescente solitaire, la pratique de l'écriture m'a sauvée.

À 12 ans, j'ai rédigé ma première nouvelle sur l'ordinateur familial. Par la suite, je publiais régulièrement mes textes sur un blog. J'ai ensuite tardé à me lancer dans le roman, persuadée que je n'étais pas légitime à construire une structure narrative et des personnages forts.

En 2019, l'école d'écriture Les mots a lancé un concours auquel j'ai participé avec un texte très moderne sur les amours contemporaines. Les liaisons factices a figuré parmi les lauréats du concours. Un an plus tard, il a été publié dans une petite maison d'édition et vendu à 800 exemplaires.

J'ai également vendu mon propre recueil de textes en auto-édition, en moins de deux mois, plus de 500 exemplaires ont été écoulés.

Particulièrement intéressée par le genre du roman contemporain, j'ai fait évoluer mon écriture dans le cadre d'ateliers, notamment avec Chloé Delaume et Lolita Pille. J'ai affiné mon style, que je considère aujourd'hui comme inspiré de Delphine de Vigan et de Karine Tuil.

Je possède aussi un compte Instagram de mots, @relation_textuelle, suivi par plus de 40 000 personnes.

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anthonyhanna760@gmail.com