Acide de Victor Dumiot

A

Note 4/5 ⭐

Acide n’est pas un roman qui laisse indifférent. De par les thèmes qu’ils abordent, les bas fonds d’internet, la lie humaine, la violence de l’agression, il vient poser des questions nécessaires dans un monde secoué par la violence : peut-on vivre sans visage ? Peut-on être accepté lorsqu’on est différent ? Quelle est l’importance de l’intérieur, du cœur ? Dans les situations appréhendées par les deux personnages du roman, on se demande si la société, derrière ses beaux discours d’inclusion, laisse place à la différence, à tout ce qui se trouve en marge de la « norme ». 

Camille était une jeune fille épanouie, bien dans sa peau jusqu’à ce qu’un individu décide de la lui enlever. Sur le quai du métro, alors qu’elle s’apprête à se rendre à une soirée, insouciante, elle reçoit un jet d’acide qui détruit son visage, ne lui laissant qu’un amas de chairs meurtries. De chapitre en chapitre, on découvre l’ampleur de son calvaire, la profondeur de son désespoir, à travers ses souvenirs passés, avant qu’elle ne bascule sur ce quai de métro, mais avec les souffrances et les multiples opérations auxquelles Camille doit aujourd’hui se plier pour tenter de retrouver une « vie normale ». On frémit avec elle et évidemment, on en vient à se demander ce qu’il adviendrait de notre existence si un tel drame nous frappait. Aurions-nous envie de mourir ?

Dans le quotidien noirâtre de Julien, un habitué du darknet, avide de vidéos transgressives, certaines descriptions sont à la limite de l’insoutenable mais c’est justement ce qui fait la force du roman de Victor : décrire la vie, la vraie vie, sans fard, sans l’enjoliver, la vie sale, crade, violente, moche, sanguinolente, dégueulasse, tout ce qui nous donne habituellement envie de frémir, de cacher nos yeux derrière nos paumes de mains, de vomir. 

La plume est précise, le vocabulaire est recherché sans être ampoulé. Les phrases foisonnent, elles vibrent au rythme de l’histoire, de son ardeur ; la lecture est fluide. 

L’unique bémol est peut-être l’utilisation d’une narration toujours passée des événements en ce qui concerne le personnage de Camille, ce qui donne cette impression de calme plat, de description qui supplante l’action : Camille raconte les événements davantage qu’elle ne les vit, et ce qui fait apparaître parfois une forme de redondance dans certains chapitres notamment à propos des souffrances, des douleurs, de la rage de la femme face à l’injustice de son épreuve. 

Néanmoins, Acide est un très bon premier roman contemporain, singulier, qui sort du lot. Un auteur à suivre. 

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Hanna Anthony

Alors que j'ai été une adolescente solitaire, la pratique de l'écriture m'a sauvée.

À 12 ans, j'ai rédigé ma première nouvelle sur l'ordinateur familial. Par la suite, je publiais régulièrement mes textes sur un blog. J'ai ensuite tardé à me lancer dans le roman, persuadée que je n'étais pas légitime à construire une structure narrative et des personnages forts.

En 2019, l'école d'écriture Les mots a lancé un concours auquel j'ai participé avec un texte très moderne sur les amours contemporaines. Les liaisons factices a figuré parmi les lauréats du concours. Un an plus tard, il a été publié dans une petite maison d'édition et vendu à 800 exemplaires.

J'ai également vendu mon propre recueil de textes en auto-édition, en moins de deux mois, plus de 500 exemplaires ont été écoulés.

Particulièrement intéressée par le genre du roman contemporain, j'ai fait évoluer mon écriture dans le cadre d'ateliers, notamment avec Chloé Delaume et Lolita Pille. J'ai affiné mon style, que je considère aujourd'hui comme inspiré de Delphine de Vigan et de Karine Tuil.

Je possède aussi un compte Instagram de mots, @relation_textuelle, suivi par plus de 40 000 personnes.

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